Médecins pétitionnaires. L'effondrement de notre système de santé est imminent. Un débat est urgent.

Médecins pétitionnaires

L'effondrement de notre système de santé est imminent

Un grand débat est urgent et nécessaire

En tant que médecins, nous sommes profondément préoccupés par le fonctionnement de notre système de soins de santé. Nous craignons une implosion de l'ensemble du système de soins de santé avec des conséquences désastreuses pour l'ensemble de la population. Cela peut en surprendre plus d'un. Après tout, la satisfaction à l'égard de notre système de soins de santé est très élevée. En 2020, 90 % de la population belge s'est déclarée satisfaite (1). Malheureusement, ce pourcentage est en baisse. En 2023, seuls 80 % se déclaraient encore satisfaits des soins de santé en général. La satisfaction à l'égard du nombre de médecins généralistes s'est également effondrée, chutant de 15 % au cours de ces trois années (2).

Que se passe-t-il ? Les médecins généralistes ne peuvent plus garantir la qualité des soins en raison du trop grand nombre de patients. C'est pourquoi ils sont nombreux à ne plus accepter de nouveaux patients. De plus, des files d'attente se forment, ce qui n'existait pratiquement pas dans notre pays auparavant. De plus en plus de patients se présentent donc aux urgences des hôpitaux, parfois pour des raisons urgentes, mais de plus en plus pour des raisons moins urgentes. Il en résulte une surcharge des services d'urgence et des services de diagnostic tels que la radiologie. À cela s'ajoute l'énorme pénurie d'infirmières. Selon le site Jobat, il manque pas moins de 25.000 infirmiers en Belgique (3) et cette pénurie ne fera que s'accentuer dans les années à venir.

Ce problème croissant a deux conséquences principales. La surcharge est à l'origine d'un nombre croissant de burn-out et de départs de prestataires de soins de santé. C'est le cas des médecins généralistes et des hôpitaux. D'autre part, nous assistons à un effondrement de l'ensemble du système de soins de santé. Avec trop de patients pour des problèmes non urgents, nous risquons de ne pas pouvoir accorder suffisamment d'attention aux personnes qui en ont vraiment besoin.

Nous ne demandons pas de financement supplémentaire pour les soins de santé. Nous ne demandons pas non plus moins de travail ou plus de salaire. En revanche, nous demandons un débat social et politique urgent sur les soins de santé, en concertation avec le secteur, ce qui n'existe pratiquement pas aujourd'hui. En tant que médecins, nous avons tous prêté le serment d'Hippocrate pour aider chaque patient qui en a besoin. Aucun effort n'est trop important pour nous. C'est pour cela que nous avons choisi la médecine. Nous sommes profondément préoccupés par le fait que, dans un avenir proche, nous ne serons plus en mesure de tenir cette promesse. Nous ne voulons pas nous résigner à ce que notre système de santé, qui est l'un des meilleurs au monde, soit - comme notre système éducatif - en difficulté. C'est pourquoi il est temps de débattre maintenant et de sauver notre système de santé avant qu'il ne soit trop tard.