Le travail des logopédistes permet à leurs patient.e.s de mieux s'intégrer à l'école, au travail et dans la société. Pourtant, leurs conditions de rémunération sont insatisfaisantes et ne tiennent pas compte de l'évolution du coût de la vie. Par ailleurs, la situation à Genève est actuellement tendue et préoccupante, avec des délais d’attente très longs tant pour les bilans que pour les prises en charge. Les conditions actuelles de travail et de rémunération peu attractives risquent encore de péjorer la situation. 

Une situation inacceptable

• Des tarifs bloqués depuis 16 ans
• Une perte de pouvoir d'achat
• 25% du travail essentiel non rémunéré
• Une perte d’attractivité du métier risquant de provoquer une pénurie de logopédistes
• Des délais d'attente inacceptables pénalisant enfants, adolescents et adultes en besoin

25% du travail indispensable non rémunéré
Les logopédistes travaillent auprès de leur patientèle dans le cadre de séances de logopédie. Seules ces séances peuvent être facturées auprès de l’Etat. Toutefois, il ne s’agit pas des seuls actes réalisés par les logopédistes : environ 25% de leur temps de travail est consacré à des actes actuellement non rémunérés, mais essentiels et nécessaires. Parmi ces actes, on retrouve notamment la rédaction de rapports logopédiques, la participation à des réunions de réseaux avec d’autres professionnels (santé, éducation, etc.), la prise de contact avec ces mêmes professionnels ou avec les familles, la préparation des séances ou encore la mise en place d’aménagements scolaires (bilan + rédaction), pour ne donner que quelques exemples. Les logopédistes réalisent ces actes gratuitement et doivent parfois renoncer à y participer (par exemple dans le cas des réunions), au détriment de la prise en charge.

Des tarifs bloqués depuis 16 ans et une perte du pouvoir d’achat
Le tarif horaire actuel d’une séance de logopédie a été mis en place en 2009, suite au changement d’organe payeur (passant de l’Assurance Invalidité au Canton), et n’a été ni réévalué ni augmenté depuis 16 ans, malgré de nombreuses demandes de la part des logopédistes et des associations concernées. Pourtant, en 16 ans le coût de la vie a considérablement augmenté et les logopédistes ont vu leurs charges professionnelles s’accroître. L’indice de prix à la consommation genevois a augmenté de 7,7% entre janvier 2009 et février 2025 ; les loyers de cabinet, les assurances professionnelles, le matériel nécessaire, etc. augmentent tous continuellement. Or, comme les tarifs sont bloqués, le revenu des logopédistes stagne et ceux-ci ont considérablement perdu en pouvoir d’achat.

Des délais d'attente inacceptables pénalisant enfants, adolescents, adultes
La population genevoise augmente chaque année et le nombre d’enfants et d’adultes nécessitant une prise en charge également. Le nombre de logopédistes sur le canton n’est pas suffisant pour répondre à toutes les demandes de prise en charge et les délais d’attente ne cessent d’augmenter. Les conditions d’installation ne séduisent actuellement pas assez de logopédistes. De plus, le manque de moyens alloués à la logopédie empêche aussi une prise en charge rapide. Les conséquences sont nombreuses chez l’enfant comme chez l’adulte : retards et échecs scolaires/professionnels, souffrance, détresse psychologique, exclusion, aggravation des difficultés et des symptômes, etc. Pourtant, les études sur la question sont unanimes : il est important de pouvoir prendre en charge le plus tôt et le plus intensément possible les troubles traités en logopédie afin de réduire l’impact des difficultés dans la vie des patients, sur le court et sur le long terme.